[avril 2025]
La citation du titre est extraite de La Cité des dames (1405) de Christine de Pizan.
Cet article vise à élucider une imagerie marquée par l’imaginaire du viol. Ce faisant, nous n’avons pas jugé nécessaire d’en exposer les images. Les descriptions et analyses parlent d’elles-mêmes. Les images sont toutefois largement disponibles en ligne et dans les albums en question, pour celles et ceux qui souhaiteraient les consulter.
Depuis les années 1980, la mise en scène du sexe et de la violence au sein d’œuvres de fictions médiévalistes tend à s’amplifier. De fait, cette décennie voit s’affirmer une tendance entamée à partir des années 1970 : celle du réalisme historique (Corbellari, 2009, p. 85-109). La réputation sombre et inquiétante du Moyen Âge favorise alors les représentations iconographiques et littéraires de viols ou d’agressions sexuelles, perpétrés par des hommes toujours prompts à soumettre les femmes à leur désir (Alexandre-Bidon, 2016, p. 112). Pour s’en convaincre, nul besoin de se plonger dans la lecture assidue de ces bandes dessinées. Un rapide coup d’œil sur leurs couvertures suffit à s’en rendre compte. Par exemple, le premier tome des Tours de Bois-Maury d’Hermann représente une femme terrifiée, Babette, pourchassée par un homme qui s’apprête à se saisir d’elle. Les Aigles décapitées, série médiévaliste parue à partir de septembre 1986 dans le magazine Vécu et créée par Patrice Pellerin et Jean-Charles Kraehn, n’échappe pas à cette règle.