Une enfance rêvée : fonction, esthétique et idéologie de la bande dessinée dans "J'aime Lire"

Depuis son lancement en février 1977, le périodique J’aime lire comporte une section dédiée à la bande dessinée. Les séries qui y sont publiées (parmi les plus iconiques : « Tom-Tom et Nana », « Ariol », « Anatole Latuile ») se cristallisent autour de la représentation d’une enfance chahuteuse et débordante. Cette étude s’intéresse d’abord à la fonction de ces bandes dessinées au sein du périodique, puis à ce qui fonde l’esthétique et l’idéologie communes de ces séries. Magazine phare du catalogue de Bayard Jeunesse, J’aime lire s’inscrit dans un contexte de publication chrétien, qui vise le lectorat des premiers lecteurs. Se composant d’un roman, de quelques pages de jeux, d’une rubrique culturelle et de bandes dessinées, le périodique propose une formule complète à ses abonnés, dans laquelle la bande dessinée occupe un rôle de fidélisateur. L’esthétique partagée entre les différentes séries, accentuée par le contexte de publication au sein du périodique, l’humour intrinsèque des épisodes et les protagonistes phares des récits, contribue à faire de la bande dessinée un argument majeur de vente dans J’aime lire, et à construire l’image du périodique. Si les héros et héroïnes des séries sont créés à l’image de leur lectorat, l’esthétique des bandes dessinées elle-même semble être calquée sur une représentation onirique de l’enfance. Les récits n’en sont toutefois pas moins orientés, se construisant autour de relations sociales parfois dysfonctionnelles, et excluant de leur représentation une partie du lectorat du périodique.