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Monuments, reconstitutions et produits dérivés. L’externalisation de la patrimonialisation par Marvel (1)

Jean-Matthieu Méon

Depuis quelques années, la maison d’édition américaine Marvel se tourne vers d’autres éditeurs pour rééditer certains éléments de son fonds. Une particularité des publications nées de ces partenariats est de s’inscrire dans une démarche explicitement patrimoniale, en donnant des supports prestigieux et des commentaires de contextualisation à des œuvres présentées comme des classiques dignes de conservation. Comparer ces productions avec les rééditions venant directement de Marvel permet de voir ce que l’externalisation de la patrimonialisation rend possible mais aussi ce qui reste indépassable dans la gestion du fonds d’un tel acteur éditorial.

Le lecteur anglophone désireux de lire, ou relire, la première aventure de Spider-Man ou des Fantastic Four a l’embarras du choix. Ces moments-clés de l’histoire de ces personnages, de l’univers Marvel et sans doute de la bande dessinée sont disponibles simultanément dans des formes très différentes proposées par plusieurs éditeurs. Outre les collections propres à Marvel, et leurs déclinaison numériques, au moins quatre autres versions existent actuellement de ces épisodes, dans des intégrales luxueuses chez Taschen et des anthologies commentées chez Penguin ou Gallery 13, ou comme fac-similés chez Folio Society. Pour une partie des rééditions de son fonds passé, l’éditeur américain se tourne en effet vers des acteurs aux profils relativement éloignés du sien.

Cette forme d’externalisation n’est pas inédite chez Marvel. Au contraire, certaines des premières tentatives de l’éditeur pour donner une deuxième vie à son fonds de récits périodiques s’étaient appuyées sur des partenariats de ce type. Les formats de poche en noir et blanc des années 1960 étaient produits avec Lancer Books, les premiers ouvrages anthologiques des années 1970 avec Fireside (subdivision de Simon & Shuster), les nouvelles tentatives de poches de la même décennie avec Pocket Books (également liés à Simon & Shuster) et Ace Books/Tempo. Cette pratique ancienne a connu récemment un renouveau, Marvel s’associant pour des rééditions, depuis 2019, avec Folio Society, éditeur anglais spécialisé dans les éditions de prestige à tirage limité, puis, à partir de 2022, avec Taschen, structure internationale d’origine allemande largement présente dans le secteur des livres d’arts, et Penguin, la célèbre maison d’édition anglaise à très large diffusion, en 2023 avec Fantagraphics, acteur incontournable de la bande dessinée alternative américaine depuis plus de quarante ans, et, plus ponctuellement pour le moment, en 2024, avec l’américain Gallery 13, une subdivision de Gallery (Simon & Schuster) spécialisée dans les ouvrages graphiques.

Comme dans les années 1960 ou 1970, ces partenariats reposent sur des stratégies de positionnement sur d’autres segments commerciaux, celui de la librairie notamment (par opposition aux kiosques ou aux magasins spécialisés) mais aussi, pour les exemples plus récents, l’international – même si ces productions anglophones sont aussi destinées au marché américain comme le signalent les mentions de prix qu’elles portent[1]. Une particularité des initiatives contemporaines est cependant de toutes s’inscrire dans une démarche explicitement patrimoniale, en donnant des supports prestigieux et pérennes et des commentaires de contextualisation à des œuvres présentées comme des classiques (Penguin Classics Marvel Collection) dignes de conservation (le double sens de library dans le nom des collections de Taschen ou Fantagraphics, n’est pas indifférent ici). Comparer ces productions, saisies dans leurs énonciations éditoriales propres, avec celles venant directement de Marvel permet de voir ce que cette externalisation de la patrimonialisation rend possible mais aussi ce qui reste indépassable dans la gestion du fonds d’un tel acteur éditorial.

La reconduction d’un cadrage sériel

Comme nous avons pu le voir par ailleurs, Marvel a une approche de son patrimoine qui ancre ce dernier dans ses logiques de production. Ce sont des œuvres collectives, structurées autour de récits au long cours et interconnectés, centrés sur les personnages – principalement super-héroïques – et leurs interactions. De manière très visible, la réédition reste alors attachée à un régime sériel, que celui-ci se traduise par des reprises sous forme de périodiques, surtout dans les années 1960-1990, ou selon le modèle aujourd’hui dominant du collected edition (intégrale). Ce cadrage sériel joue aussi dans la modalité plus sélective de l’anthologie. Les comic books repris sont retenus au regard de leur contribution au monde narratif de l’éditeur, notamment en mettant l’accent sur les origines et moments-clés. La logique sérielle ne réside pas ici dans la reprise exhaustive des séries de comics mais dans l’évaluation, inséparablement patrimoniale et commerciale, de chaque épisode au regard d’un ensemble qui le dépasse, l’univers Marvel sérialisé depuis 1961.

Ces grandes lignes directrices se retrouvent dans les rééditions externalisées par Marvel. C’est ainsi que l’entrée par les personnages et/ou leurs séries reste dominante dans ces productions. Les volumes de la Marvel Comics Library de Taschen sont des reprises intégrales des débuts des grandes séries Marvel dans leur ordre chronologique de parution (deux volumes pour Amazing Spider-Man, deux pour Avengers, un pour Fantastic Four et un deuxième annoncé, un pour X-Men, un pour Silver Surfer), suivant le principe de collected edition et incluant les publicités et pages rédactionnelles d’époque. La Penguin Classics Marvel Collection compte six volumes, chacun étant dédié à un personnage principal (Spider-Man, Captain America, Black Panther, les Fantastic Four, les Avengers, les X-Men) et se concentrant essentiellement sur une ou deux séries. La collection Atlas Comics Library de Fantagraphics propose des intégrales de séries publiées par Marvel sous son appellation des années cinquante (Atlas) et regroupées thématiquement (horreur, guerre, crime) ou par personnages (Venus). Les titres de Folio Society sont anthologiques, couvrant d’abord les périodes classiquement distinguées par le fandom (trois volumes : Marvel The Golden Age 1939-1949, Marvel The Silver Age 1960-1970, Marvel The Bronze Age 1970-1980) puis exclusivement consacrés à des personnages de l’éditeur (sept volumes : Captain America, Spider-Man, Hulk, Thor, Black Panther, Doctor Strange, Avengers).

Des collections organisées par séries et par personnages. Ici, Spider-Man vol. 1, Taschen, 2022, © Marvel et Taschen, photo de l'éditeur.

Des collections organisées par séries et par personnages. Ici, Adventures into Terror vol. 1, Fantagraphics, 2023, © Marvel et Fantagraphics, photo de l'éditeur.

Cette structuration de l’offre par les personnages et les séries s’accompagne, comme pour les rééditions directement issues de Marvel, d’une relégation des auteurs. Cette relégation est relative : les mentions paratextuelles détaillent précisément les contributeurs des œuvres rééditées et tous les exemples du corpus comportent des notices biographiques. Cependant, ces rééditions ne reposent pas sur un découpage ni sur une sélection par auteurs – à l’exception de Fantagraphics qui développe en parallèle à son Atlas Comics Library une seconde collection, Atlas Artist Edition faite d’anthologies par auteurs (un volume pour Joe Maneely paru en 2024, un autre annoncé pour 2025 sur Al Williamson). L’éditeur alternatif adopte ici une démarche auteuriste qui a déjà été la sienne pour d’autres rééditions patrimoniales du même ordre, par exemple pour les EC Comics dont il regroupe les récits en anthologies monographiques, par dessinateurs, avec la collection EC Artists’ Library, depuis 2012.

Le cadrage sériel du patrimoine suscite aussi un faible renouvellement du corpus d’œuvres mises en avant par les rééditions. Comme les premières anthologies Marvel/Fireside des années 1970 et leurs déclinaisons ultérieures, il y a une concentration sur les premières années de l’éditeur. Ce choix peut refléter la distance historique requise pour la démarche patrimoniale revendiquée par ces éditeurs mais il résulte sans doute autant d’une focalisation sur les points cardinaux – les « origines » – de l’univers fictionnel qu’il s’agit de consacrer. C’est très net pour Taschen et Penguin dont les volumes ne considèrent que la décennie 1960. La seule exception chez Penguin se trouve dans sa réédition de titres liés au personnage Black Panther, qui pour l’essentiel relèvent des années 1970 avec la reprise des Jungle Action de Don McGregor et, entre autres, Billy Graham. Ce sont là des épisodes qui ont modernisé le personnage et en partie influencé sa célèbre version cinématographique de 2018. De la même manière Folio Society reprend en un volume les épisodes de 2016 scénarisés par Ta-Nehisi Coates et dessinés par Brian Stelfreeze qui ont également servi de référence pour le film de 2018. Le poids relatif des différents personnages de l’éditeur au sein de l’univers partagé de ses comics comme au sein son patrimoine narratif est aussi tributaire de ses déclinaisons médiatiques et de leur succès : relativement absent des premières rééditions Marvel, Black Panther est ici incontournable – tout comme il l’est devenu dans les comics Marvel contemporains.

Dans des registres différents, Folio Society et Fantagraphics élargissent cependant le corpus réédité. L’éditeur anglais reste uniquement centré sur les super-héros mais étend le spectre temporel en compilant des aventures couvrant l’ensemble de l’histoire éditoriale des personnages, s’ouvrant ponctuellement aux années 1940-1950 et, surtout, en intégrant les décennies postérieures aux années 1960, jusqu’aux années 2010. De nouveaux moments clés, de nouveaux personnages secondaires apparaissent ainsi – tout comme de nouveaux créateurs, au-delà des fondateurs. L’ouverture réalisée par Fantagraphics est encore plus prononcée. La maison d’édition se concentre exclusivement sur la période de transition entre Timely (la première incarnation de Marvel dans les années 1930-1940) et le Marvel moderne des années 1960 en rééditant les comics publiés sous la marque Atlas et abordant des genres autres que super-héroïques : horreur et science-fiction pour les cinq volumes déjà publiés, guerre, crime, romance, funny animals pour les titres à venir. C’est là un retour à un fonds que Marvel a pratiquement abandonné, après l’avoir abondamment exploité dans ses séries de reprints des années 1970 au moment de sa redécouverte de l’horreur (Fantagraphics a par ailleurs annoncé pour 2025 Lost Marvels, une collection consacrée aux récits courts Marvel des années 1970 ayant participé à ce revival horrifique et également négligés par l’éditeur).

Des reconstitutions monumentales : la matérialité de la patrimonialisation

En se tournant vers une époque et des genres éloignés de la période super-héroïque Marvel, la collection de Fantagraphics est la seule à offrir des contenus indisponibles par ailleurs. Le trait dominant des rééditions externalisées est bien plutôt la redondance avec l’offre existante. Ce caractère redondant montre que l’enjeu principal de ces rééditions n’est pas la remise en circulation d’un patrimoine devenu inaccessible. C’est du côté de leur matérialité – et de la relation qu’elle entretient avec la matérialité originelle des comic books réédités – que se trouve bien davantage leur raison d’être. Elles manifestent, de manière spectaculaire, voire monumentale dans certains cas (Taschen, Folio Society), le caractère patrimonial de ces œuvres tout en permettant, sur le mode du produit dérivé, de développer une gamme d’objets bibliophiliques destinés à des acheteurs qui, pour une partie d’entre eux, ont déjà probablement lu et acheté ces récits sous d’autres formes.

Des livres objets parfois imposants. Ici, le coffret Spider-Man de Folio Society, 2021 © Marvel, Folio Society (photo de l'éditeur)

Des livres objets parfois imposants. Ici, le volume X-Men de Taschen (2023) dans sa boîte collector, © Marvel et Taschen, photo de l'éditeur.

De fait, la plupart des volumes considérés ici sont des objets particuliers, différents du format standard du comic book comme de sa version compilée ordinaire. Même Penguin, dont les six volumes sont matériellement très proches de certains collections Marvel (Epic Collection, par exemple), en propose également des versions reliées plus luxueuses. La taille est une première caractéristique de cette matérialité atypique. En dehors des éditions ordinaires de Penguin, les ouvrages de toutes ces collections sont plus grands, voire beaucoup plus grands que leurs équivalents chez Marvel. Les premières éditions de chez Taschen, dites « XXL », sont particulièrement massives : 32,3 x 47 cm et plus de 5,5 kg pour près de 700 pages pour le premier volume de Spider-Man ; une édition « compacte » en a été annoncée pour novembre 2024, réduite à 22,5 x 31 cm et un peu plus de 3kg qui reste supérieure aux trade paperbacks Marvel, d’environ 17 x 26 cm. À la taille s’ajoute la finition soignée de ces collections : cartonnage des couvertures, pages de garde nombreuses, signets, boîtiers protecteurs dans certains cas (Folio Society, Taschen), éventuellement dorures (Penguin pour ses éditions Deluxe) … Autant de détails marquant le luxe – et donc le prestige – de ces rééditions.

Le papier fait l’objet d’une attention particulière. De qualité supérieure aux types utilisés par Marvel dans toutes les collections considérées ici, c’est Taschen qui en joue le plus nettement : « un papier spécial a été conçu pour cette collection, afin d’imiter la texture des comics originaux » (selon le site de l’éditeur). De fait les volumes Taschen alternent plusieurs types de papier selon les parties qui les composent : papier glacé pour la partie éditoriale et pour les reproductions des couvertures des numéros, imitation du newsprint d’origine pour les pages intérieures des comics repris.

La qualité du papier a des conséquences sur les couleurs. Les papiers glacés habituellement utilisés par Marvel tendent à en accentuer la saturation. Ici, les papiers retenus contribuent davantage à la fidélité des couleurs. Surtout, sauf chez Penguin, c’est la technique du scannage d’exemplaires d’époque qui a été privilégiée dans le rendu des couleurs, avec restauration complémentaire pour gommer les imperfections fréquentes de l’impression originale. Il en résulte un rendu non seulement des couleurs initiales (ou de leur approximation) mais aussi du papier d’origine, de sa texture, éventuellement de son vieillissement.

La fidélité revendiquée, sinon au format en tout cas à l’apparence des œuvres, se retrouve aussi dans la prise en compte du paratexte des premières éditions. Cette prise en compte varie selon les éditeurs, plus ou moins sélectifs, a minima en reproduisant les couvertures, a maxima en retenant l’intégralité des publicités et des pages rédactionnelles des livraisons d’origine. Folio Society pousse cette logique à son comble en accompagnant ses volumes épais et cartonnés du fac-similé « méticuleux », d’une « réplique parfaite » (selon le site de l’éditeur) d’un comic book clé du personnage ou de la période auquel l’anthologie est dédiée (Marvel Comics n°1 pour le volume The Golden Age, Fantastic Four n°1 pour The Silver Age, Amazing Spider-Man n°1 pour Spider-Man, etc.). C’est aussi une façon pour le collectionneur d’accéder, au travers de son simulacre, à l’objet devenu inaccessible (et sans dépenser plusieurs dizaines de milliers de dollars).

L’attrait du bel objet se mêle donc à une attention à la matérialité originelle des comic books qui n’est pas si fréquente en ce domaine – les rééditions de luxe propres à Marvel ou leur facsimile editions publiées depuis 2019 n’ont pas de critères aussi stricts en matière de couleurs et de papier. Ce faisant ces rééditions externalisées prennent au sérieux le lien fort qui existe entre ces œuvres de bande dessinée et leur support initial de publication. Les épisodes de Spider-Man, des Fantastic Four ou de Captain America sont tributaires de ces supports périodiques, de leurs caractéristiques physiques (qui pèsent sur la longueur des récits comme sur leurs attributs visuels), de leur sérialité (la structure narrative des histoires en dépend), de leur paratexte. Les publicités anciennes évoquent une époque révolue, éventuellement objet de nostalgie, mais rappellent aussi l’inscription des comics dans un continuum de consommation juvénile ; les courriers des lecteurs (seul paratexte repris par Penguin en dehors des couvertures) témoignent de la réception de ces récits mais aussi du va-et-vient entre lectorat et créateurs qui marque toute production sérielle. C’est ce que souligne l’universitaire Ben Saunders, dans une note de son texte d’accompagnement du Captain America de Penguin (note 27, p. 360), en rappelant que la relation compliquée entre ce personnage et le patriotisme a été explorée autant dans les cases de ses aventures que dans les pages de son courrier. Cette réédition de 2022 donne accès aux deux.

La matérialité de ces rééditions externalisées combine ainsi valeur documentaire et présentation légitimante d’œuvres dont le mérite patrimonial est affirmé. Comme l’ont écrit Jan Baetens et Hugo Frey, il y a dans ce type de rééditions un effort – paradoxal – pour restituer l’authenticité d’un comic book du passé tout en en proposant une version améliorée et désirable au présent. Ces ouvrages sont simultanément des monuments commémoratifs et des reconstitutions informées, livres-objets dont l’intérêt peut être à la fois nostalgique, bibliophile – voire fétichiste – et historique.

La diversité des mises en perspective du patrimoine réédités par ces éditeurs fera l’objet de la seconde partie de cet article.

[1] Je n’aborde dans cet article que la production anglophone et incluant le marché américain, ce qui permet la comparaison avec les productions propres à Marvel. Cela laisse donc de côté l’immense production de traductions des comics Marvel à travers le monde, qui implique pourtant aussi rééditions et reformatages. De la même manière, les collections Hachette (initiées avec The Official/Ultimate Marvel Graphic Novel Collection en 2011), dont les très nombreux volumes (plusieurs centaines) mettent en œuvre une réorganisation et recirculation du fonds Marvel, ne sont pas prises en compte car elles n’ont pour l’essentiel pas été distribuées aux États-Unis. Le corpus repose donc ici avant tout sur les titres, parus au moment d’écrire, publiés par Fantagraphics (quatre volumes depuis 2023 et cinq annoncés), Folio Society (dix volumes de 2019 à 2023), Gallery 13 (un volume en 2024), Penguin (six volumes entre 2022 et 2023) et Taschen (sept volumes depuis 2022, un annoncé, et plusieurs rééditions en format plus compact prévues pour fin 2024, début 2025). Ponctuellement j’y ajoute les titres déjà annoncés par ces éditeurs mais pas encore publiés. Les deux livres de Roy Thomas chez Taschen (75 years of Marvel, 2014 et Marvel Age of Comics 1961-1978, 2017) ne sont pas intégrés dans mon propos car il ne s’agit pas de rééditions mais d’ouvrages documentaires. Enfin, l’ouvrage Fantastic Four n°1 Panel by Panel, dirigé et conçu par le designer Chip Kidd le photographe Geoff Spear et paru chez Abrams Comic Arts en 2021 a également été exclu car il s’agit davantage d’une reconstruction du comic book d’origine (isolant les cases, une à une sur chacune de ses pages) que d’une réédition. Une expérience similaire avait déjà été réalisée par Marvel en 2005 (Maximum Fantastic Four).