Zig et Puce, la bande dessinée phare des années 1930

En tant que pôle associé de la BnF (Bibliothèque nationale de France), la bibliothèque patrimoniale de la Cité de la BD se doit d’intégrer une partie de ses collections numérisées dans Gallica (la bibliothèque numérique de la BnF) et d'y valoriser la bande dessinée. Vous pouvez découvrir ci-dessous, un article réalisé dans ce contexte sur Zig et Puce.

Si l’on doit retenir le titre d’une bande dessinée publiée dans les années 1930 en France, c’est certainement Zig et Puce, œuvre phare d’Alain Saint-Ogan. Aujourd’hui malheureusement méconnue, Zig et Puce fut la bande dessinée la plus populaire de l’entre-deux-guerres et connut un succès comme seul en connaitra Astérix trente ans plus tard.

© Zig et Puce et Furette, Hachette 1933

Créés en 1925 dans le Dimanche illustré, supplément du quotidien Excelsior, Zig et Puce sont deux adolescents sans famille, débrouillards et rêveurs, obsédés par l’idée de rejoindre l’Amérique. Faute de moyens, ils multiplient les aventures rocambolesques aux quatre coins du monde, voyageant sur toutes sortes d’engins, du radeau au dirigeable. Leur première expédition sur la banquise les amène à adopter Alfred, un pingouin attachant et muet, qui deviendra l’icône de la série.


Entourés de personnages hauts en couleur, Zig et Puce incarnent l’esprit d’aventure et d’ingéniosité, contribuant à l’immense succès populaire de la bande dessinée d’Alain Saint-Ogan.

© Dimanche illustré, 12 juin 1927

Les personnages d’Alain Saint-Ogan sont les premiers dans l’histoire de la bande dessinée française à bénéficier de déclinaisons sur de multiples supports : disque, radio, théâtre, films fixes et même film avec acteurs.

La première raison du triomphe de Zig et Puce est à chercher dans la fraîcheur, l’innocence, la joie de vivre qui transparaissent dans les histoires d’Alain Saint-Ogan. C’est un auteur généreux, prodigue de ses idées, qui écrit des histoires dynamiques où tout s’enchaîne très vite. Zig et Puce est l’exemple même du feuilleton improvisé au fur et à mesure des semaines. Il est fréquent qu’Alain Saint-Ogan livre une planche sans savoir ce qui se passera la semaine suivante. Chaque page fonctionne comme une unité narrative close, n’appelant pas de rebondissement, ce qui confère à la série une structure difficile à lire en album.

Alain Saint-Ogan est également un des premiers auteurs français de bande dessinée de science-fiction. Il se plaît à imaginer des voyages dans le temps à l’instar de Zig et Puce au XXIe siècle. Dans cet épisode, un obus interplanétaire a propulsé les deux adolescents sur Vénus. Retenus prisonniers dans le palais royal vénusien en compagnie du professeur Waterproof, ils tentent de s’échapper par un souterrain et découvrent un peuple de créatures qui « ne leur inspirent pas confiance ».

© Dimanche illustré, 10 juin 1928

Alain Saint-Ogan joue un rôle clé dans l’évolution de la bande dessinée française en intégrant les bulles directement dans les cases, contribuant ainsi à moderniser la narration visuelle. Ce procédé, encore rare à l’époque, influencera durablement les auteurs francophones, même si certains éditeurs continueront à supprimer les bulles dans les albums traduits. Son style graphique, reconnu pour son élégance et sa simplicité, le place parmi les précurseurs de la "ligne claire". Toutefois, son trait n’évolue pas avec le temps, ce qui lui donne un aspect un peu dépassé dès les années 1930.

Quatre ans avant Tintin, Alain Saint-Ogan offrait à la jeunesse Zig et Puce, une œuvre poétique et inventive qui marquera durablement la bande dessinée. Son style influencera des auteurs majeurs comme Hergé. Malgré une diffusion internationale dans de nombreuses langues et pays, Saint-Ogan ne tirera que peu de bénéfices de son succès en raison d’une mauvaise gestion de ses droits. Les aventures de Zig et Puce furent publiées en 16 albums entre 1927 et 1952, puis reprises par Greg dans les années 1960. En 1977, Saint-Ogan fut honoré à titre posthume au Festival d’Angoulême, où Alfred, le pingouin emblématique de la série, devint la mascotte des prix décernés jusqu’en 1988.

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