[mars 2025]
Après l’instauration du communisme au sommet de l’État chinois en 1949, avec Mao Zedong comme chef suprême, c’est la décennie 1966-1976 qui voit s’opérer le tournant le plus radical de l’idéologie maoïste, au cours de ce qui est officiellement qualifié de « Grande Révolution culturelle prolétarienne ». Le lancement de cette Révolution culturelle est initié par Mao Zedong en 1966 alors que des luttes de pouvoir agitent les hautes sphères politiques chinoises et ont pour effet de saper l’autorité du Grand Timonier. Afin de retrouver sa position de dirigeant incontesté, ce dernier décide de s’appuyer sur une jeunesse fanatisée – les Gardes rouges – pour mener une brutale et vaste purge. Cette épuration lui permet en premier lieu de ramener sous sa férule tout l’appareil d’État, mais elle s’étend également à tout le champ des productions culturelles du pays. On détruit ainsi tout ce qui est jugé trop féodal, tout ce qui fleure un peu trop le révisionnisme : dans le monde de la bande dessinée comme ailleurs, on bannit les œuvres qui présentent les méchants de façon un peu trop bienveillante, de même que celles qui comportent trop d’éléments surnaturels ou trop d’histoires d’amour jugées bourgeoises. Le contenu des lianhuanhua (连环画), les petits livrets de bande dessinée chinoise, se réduit à l’expression de la plus pure idéologie maoïste révolutionnaire.