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hommage : cauchemar blanc vu par hanawa kazuichi

Nicolas Finet

En janvier 2010, le musée de la bande dessinée présentait l’exposition Cent pour Cent : à l’invitation de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, une centaine d’auteurs du monde entier rendaient hommage, par une planche inédite, à une planche originale choisie dans les collections du musée d’Angoulême. Trois auteurs avaient choisi de revisiter l’œuvre de Mœbius. Hanawa Kazuichi avait posé son regard sur Cauchemar blanc. Son hommage est commenté par Nicolas Finet.


En choisissant de reproduire à l’identique la structure de la planche de Mœbius à laquelle il rend hommage, Hanawa Kazuichi opte pour le clin d’œil formel. Tout, dans la composition de la page, respecte rigoureusement le « modèle » de référence, mais autour d’un sujet (la confection de gâteaux de riz, qu’il faut piler à la force du bras dans un récipient conçu à cet effet) et dans un contexte culturel (le Japon « classique », qui s’exprime ici à travers l’architecture et les vêtements des personnages) totalement différents, qui transforment radicalement la nature du propos. Les images étant identiques ou presque, c’est par les mots que le mangaka dévoile son intention : totalement absents de la planche de Mœbius et jouant ici, au-delà de leur sens, un incontestable rôle graphique, ils sont investis par Hanawa du pouvoir de désamorcer la violence apparente du dessin. Rompu et brisé chez Mœbius, le corps qui gît en bas de la page n’est, chez le Japonais, que la victime… d’une indigestion ! De quoi nourrir, en quelques cases, une passionnante réflexion sur le pouvoir des images, et sur les illusions dont elles peuvent être porteuses.

Nicolas Finet

la planche en profondeur avec le procédé Hozoom.