Métal Hurlant : une révolution de la bande dessinée
La revue Métal Hurlant fête ses 50 ans ! Elle est mise à l’honneur dans les expositions de la Cité, au sein de l’exposition "Trésors des collections" ainsi que dans l'exposition "Plus loin. La nouvelle science-fiction" qui lui consacre une partie de son introduction. Retour sur une révolution de la bande dessinée.
Lancée en 1975 par les éditions Les Humanoïdes Associés, Métal Hurlant est une revue culte qui a profondément marqué l’histoire de la bande dessinée et de la science-fiction. Pionnière en matière de narration graphique et d’esthétique futuriste, elle a offert une liberté inédite aux auteurs et a influencé des générations de créateurs à travers le monde. Son impact est tel qu’il a donné naissance à une version américaine, Heavy Metal, qui perpétue encore aujourd’hui son héritage.
Naissance et ambition d’une revue avant-gardiste
À l’origine de Métal Hurlant, on trouve une équipe de passionnés menée par Jean-Pierre Dionnet, Philippe Druillet, Moebius (Jean Giraud) et Bernard Farkas. Lassés par les formats traditionnels de la bande dessinée franco-belge, ces artistes et scénaristes voulaient créer un espace où l’expérimentation graphique et narrative serait reine. Inspirée par le magazine américain Mad et par l’esthétique psychédélique et libertaire des années 1970, la revue proposait des histoires de science-fiction novatrices, où l’humour noir et le surréalisme côtoyaient la critique sociale et la réflexion philosophique.
Dès ses premiers numéros, Métal Hurlant s’impose comme une véritable révolution éditoriale. Contrairement aux publications classiques, qui s’adressaient souvent à un jeune public, elle visait un lectorat adulte avide de récits audacieux et visuellement époustouflants.
Les auteurs et œuvres emblématiques
La force de Métal Hurlant réside dans la diversité et le talent de ses contributeurs. Moebius y publie des œuvres majeures, notamment Arzach (1976), une bande dessinée muette aux paysages oniriques et aux compositions innovantes. Philippe Druillet, avec son trait baroque et détaillé, développe des univers hallucinés dans des récits comme Lone Sloane. D’autres grands noms, comme Enki Bilal, Jean-Claude Mézières, Richard Corben, Alejandro Jodorowsky ou encore Caza, apportent leur vision unique et enrichissent l’univers foisonnant du magazine.

n°6 © Métal Hurlant
Outre les bandes dessinées, Métal Hurlant propose des articles et dossiers sur la science-fiction, la musique rock, le cinéma et la pop culture. Il joue ainsi un rôle précurseur en mettant en avant des réalisateurs comme Ridley Scott ou George Lucas bien avant que Blade Runner et Star Wars ne deviennent des phénomènes.
Influence et déclin
Le succès de la revue ne se limite pas à la France. En 1977, une version américaine, Heavy Metal, voit le jour et contribue à faire connaître le style Métal Hurlant à un public international. Ce magazine influencera durablement le cinéma d’animation et la science-fiction en général, notamment avec le film Heavy Metal (1981), adaptation animée de plusieurs histoires publiées dans la revue.
Cependant, malgré son influence, Métal Hurlant subit une baisse de lectorat dans les années 1980. La concurrence de nouvelles revues, l’évolution du marché de la bande dessinée et des difficultés financières entraînent son arrêt en 1987. Plusieurs tentatives de relance auront lieu, notamment en 2002 et plus récemment depuis 2021 jusqu’à aujourd’hui.
Métal Hurlant demeure une œuvre majeure de la bande dessinée et de la culture SF. Son audace, son esthétique unique et son esprit visionnaire ont façonné le paysage de la narration graphique moderne et continuent d’influencer les artistes d’aujourd’hui. Plus qu’un magazine, il a été un laboratoire d’idées et un véritable tremplin pour une bande dessinée adulte et sans limites.
Pour aller plus loin
Métal Hurlant a fait l’objet d’une campagne de numérisation dans le cadre du projet Mediabd
Vous retrouverez également la revue dans les espaces lecture du musée.