
(à suivre), fragments d’une histoire
par Benoît Peeters
Tout au long des années 19880, (À suivre) propose une bande dessinée inventive et de qualité. Le mensuel fait particulièrement figure de référence lorsque la plupart des revues concurrentes disparaissent – à l’exception de Circus et Vécu, chez Glénat, qui occupent un tout autre créneau.
Pour les auteurs, publier dans (À suivre) est intéressant à bien des égards : c’est prestigieux, cela donne aux histoires une vraie visibilité et c’est financièrement confortable. Le paiement à la page assure aux auteurs un revenu régulier ; certains bénéficient même d’une carte de presse.
Il n’est pas question de citer ici tous ceux qui ont participé à l’aventure de (À suivre). La liste serait beaucoup trop longue. À côté des piliers de la revue que sont Tardi, Pratt, Comès, Muñoz et Sampayo et quelques autres, la revue accueille des auteurs de style très différent, mais pour la plupart d’un très haut niveau. François Bourgeon, l’auteur fêté des Passagers du vent, rejoint le mensuel de Casterman dès 1983 pour y proposer un nouveau cycle : Les Compagnons du crépuscule. Un peu plus tard, Le Grand Pouvoir du Chninkel de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme marque une des rares incursions de (À suivre) dans l’heroïc fantasy : le succès de cet album ne s’est jamais démenti. Venus de Métal hurlant, Jacques de Loustal et Philippe Paringaux installent dans (À suivre) leurs ambiances mélancoliques
avec Cœurs de sable puis Barney et la note bleue, tandis que Francis Masse multiplie les paradoxes dans Les Deux du balcon et qu’Alex et Daniel Varenne publient Angoisse et colère, une belle adaptation de Mars de Fritz Zorn.
Benoît Peeters
Photo : Georges Seguin, 2010.