skandalon

Après le succès du Bleu est une couleur chaude, qui a directement inspiré Abdellatif Kechiche pour son film La Vie d’Adèle, couronné au Festival de Cannes, Julie Maroh vient de publier Skandalon chez Glénat. En une suite de courts chapitres alternant dialogues, monologue intérieur et longues scènes muettes, cet album de près de 150 pages traitées en couleur directe raconte l’itinéraire d’une rock star égomaniaque et excessive, qui provoque autour d’elle des réactions extrêmes dans le rejet comme dans l’adulation. Poussant à bout, mais sans complaisance, une certaine imagerie (« sex ‘n’ drugs ‘n’ rock’n’ roll »), Julie Maroh interroge l’itinéraire de personnages qui, devenus des idoles aux yeux de foules immenses, vivent dans un monde où les règles qui s’appliquent au commun des mortels n’ont plus cours. Empruntant à Claude Lévi-Strauss et surtout René Girard (le titre Skandalon fait référence à l’un de ses textes les plus marquants), Julie Maroh décrit la célébrité comme un processus dionysiaque au cours duquel la star court à sa propre destruction et interroge la part de responsabilité de nos sociétés avides de scandales et de sacrifices purificateurs. Un album implacable qui se lit d’une traite.

sur Julie Maroh.

le livre de Julie Maroh : Skandalon. Glénat,152p. / 18,50€.