
mardi gras
de Benoît Preteseille (Cornélius)
Après L’Art et le sang et Maudit Victor, Benoît Preteseille continue de développer aux éditions Cornélius un univers très personnel. S’y croisent les questions de l’art comme pratique révolutionnaire, de la duperie, des transformations (et des mutilations) du corps, le tout dans un contexte feuilletonnesque rendu avec l’ironie de celui qui a lu et aimé tous les grands maîtres du genre.
Mardi Gras raconte les mystifications radicales d’un personnage à l’identité incertaine qui, pour satisfaire les désirs d’une société secrète de druides décidée à mettre bas la puissance hégémonique du christianisme, rassemble une galerie de monstres et de déments. Ils doivent défiler lors des fêtes du carnaval, et c’est peu de dire que leur prestation ne provoque pas l’effet escompté. Le mystérieux héros croise en chemin des scientifiques dévoyés qui tentent dans le secret de leurs laboratoires des expériences monstrueuses, qui annoncent les manipulations de la science moderne. On pense bien sûr à L’Île du docteur Moreau.
Festival assez noir de faux-semblants et de retournements, Mardi Gras frappe autant par son traitement graphique élégant et fluide que par sa fin ouverte et pleine d’ironie.
L’éditeur a raison, dans son texte de présentation, de dire que Benoît Préteseille « [édifie] en toute indépendance une œuvre qui ne ressemblera qu’à lui ». L’auteur de Mardi Gras est assurément l’une des voix les plus singulières de la bande dessinée contemporaine.
sur Benoît Preteseille
le livre de Benoît Preteseille : Mardi Gras. Editions Cornélius, 120p. / 16,50€.