le phénomène manga - la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image
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m a n g a p o l i s

le phénomène manga

Car il faut bien appeler ainsi ce mouvement éditorial qui en l’espace d’une vingtaine a littéralement modifié le paysage de la bande dessinée en Occident et particulièrement en France.
En 1990, Glénat publiait en France les premières pages d’Akira de Katsuhiro Otomo, laissant alors entrevoir la richesse de la bande dessinée japonaise. Après presque deux décennies de publication le manga s’est greffé avec succès sur le marché français de la bande dessinée, réunissant ses fans autour d’une « culture manga » largement empreinte de fascination pour le Japon. _ La bande dessinée nippone pèse lourd dans l’édition : 36,11% des nouveautés publiées en 2011 (près de 1.400 mangas traduits en français). Durant la décennie 2000 la vente des mangas a progressé de 500%, plaçant la France au premier rang des pays importateurs, désormais devant les États-Unis. Une bande dessinée sur trois vendues en France est un manga ; et deux-tiers des mangas vendus en Europe, le sont en France. Des résultats auxquels les éditeurs japonais ont bien évidemment contribué en dynamisant leur politique étrangère en accompagnant plus attentivement la diffusion voire en l’organisant. Dés 2003, Shueisha et Shogakukan ont formé une joint venture sur le territoire américain autour de Viz Media (éditeur historique de mangas aux États-Unis) pour sortir une version anglophone du magazine Shônen Jump . Spécialisé dans le manga pour adolescents, Weekly Shônen Jump est tiré à 3 millions d’exemplaires chaque semaine au Japon. Aux États-Unis, le tirage moyen avoisine les 200.000 exemplaires par mois avec un minimum garanti aux annonceurs de 175.000 exemplaires diffusés. Plus récemment le Groupe Shogakukan & Shueisha s’est implanté en Europe avec le rachat de Kaze, d’Asuka et d’Anime Virtual. Un choix stratégique qui permet aux Japonais de se positionner directement sur tous les secteurs des loisirs japonais en France et en Allemagne. Ce qui traduit une assez bonne compréhension des raisons du succès des mangas en occident : un phénomène, au départ, essentiellement générationnel devant une littérature venue d’ailleurs dont les jeunes lecteurs se sont emparés se reconnaissant donc dans ce que certains désignent comme la « culture manga » qui englobe dessin animé, jeu vidéo, musiques, jeux vidéos, cosplay…
Au Japon le manga imprègne toutes les sphères de la société car il s’adresse à toutes ses composantes et occupe l’imaginaire collectif. À lui seul le marché des bandes dessinées pèse quatre milliards d’euros au Japon (40% du marché de l’édition japonaise). Près d’un tiers des quatre cents films et dessins animés japonais produits chaque année découlent de mangas. Sans compter les multiples séries pour la télévision ou les très nombreuses adaptations pour le jeu vidéo ou encore les innombrables déclinaisons en produits dérivés. Les chiffres montrent à eux seuls que le manga tient une place importante dans les pratiques culturelles nippones.
Les trois plus gros éditeurs, la vénérable Kodansha, Shogakukan et son ancienne filiale Shoeisha, concentrent 75% de l’édition de manga et totalisent aujourd’hui un peu plus de 3 milliards d’euros de chiffres d’affaires annuels… D’abord pré publiées dans les quelque deux cent magazines de bandes dessinés répertoriés (mangashi), dont les tirages par numéro peuvent avoisiner un ou deux millions d’exemplaires chaque semaine, certaines séries à succès connaissent une deuxième carrière sous forme de recueils (tankobon) qui se vendent entre 1 et 3 millions d’exemplaires par volume. Ainsi selon son éditeur, Shueisha, les 54 volumes tankobon de la série One Piece – prépubliée dans Weekly Shonen Jump , revue tirée à 3 millions d’exemplaires chaque semaine – se seraient déjà vendus à 175 millions d’exemplaires sur le sol nippon uniquement. Chez le même éditeur, Dragon Ball , affiche150 millions d’exemplaires pour 42 volumes. Quant à la série Détective Conan chez Shogakukan, elle totaliserait quelque 120 millions d’exemplaires vendus pour l’ensemble des 67 volumes de la série, tandis que Ippo, la rage de vaincre (88 volumes) vient de passer la barre des 80 millions d’exemplaires selon les chiffres fournis par son éditeur Kodansha.
À titre de comparaison, les ventes d’un nouvel album de Titeuf, qui figure régulièrement en tête des meilleures ventes de bandes dessinées en France ces dernières années, se situent aux alentours de 500.000 exemplaires. Les ventes totales des douze volumes des histoires du petit garçon à la mèche blonde s’élèveraient à 16 millions, toutes éditions confondues y compris étrangères. Et même Tintin, champion incontesté de la bande dessinée franco-belge dans le monde, n’a vendu que 200 millions des 24 albums de ses aventures !
Tetsujin, 2009 - Kobe Mitsuteru Yokohama Hikari Production/Kobe
Dans l’ouvrage qu’elle a consacré au manga, Histoire du manga (éditions Taillandier, 2008), la journaliste Karyn Poupée, qui vit au Japon depuis de très nombreuses années et qui scrute la vie quotidienne des nippons et décrypte les ressorts historiques et socioculturels du fonctionnement de cette société, explique que le manga est « une littérature qui a toujours été centrée sur les préoccupations sociales, depuis ses débuts ». Ce qui permet de mieux comprendre la grande imbrication entre le manga et la société et qui en compose le fonds commun. Cette « culture manga » qui se manifeste un peu partout : l’architecture, la signalétique urbaine, l’art contemporain, la mode, la musique…
C’est un concentré de cette vaste culture populaire japonaise qui s’est peu à peu diffusée dans le monde à mesure que l’engouement pour le manga se propageait.

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