Voici la génération enchantée de la bande dessinée.
Il faut remonter, déjà !, aux contreforts des années 1970, de cette époque où la contre-culture est un manifeste dont la bande dessinée est un des socles constitutifs.
Ce sont des jeunes gens en colère. En colère contre les barrières, les frontières. Ils imaginent alors d'autres récits, loin de l'enfance, destin autrefois promis à la bande dessinée.
Le récit se fait moins linéaire, la stricte case des aînés moins certaine...
Lorenzo Mattotti trouve l'inspiration pour son album Chimère dans la naissance de son tableau Rosso umido ;
Philippe Druillet en profite pour s'autoproclamer premier artiste multimédia ;
Enki Bilal dimensionne le propos de la bande dessinée en lui donnant un souffle hors-cadre ;
Olivia Clavel et le groupe Bazooka promettent des horizons radicaux au graphisme ;
Jacques de Loustal, Jean-Marc Rochette, Edmond Baudoin donnent un autre climat au trait, à la couleur, au tempo des dialogues jouant avec la voix off, la parole intime.
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Plus rien ne sera comme avant.
Chacun va trouver son rythme, son format.
La peinture n'est surtout pas une fin en soi mais une libération souvent physique de la contrainte imposée par le découpage de la bande dessinée.
L'espace où naissait la planche devient atelier.
Jean-Marc Rochette célèbre même, lors d'une de ses expositions, « le privilège de la verticalité ».
L'horizontalité congénitale de la bande dessinée s'efface.
Ici-même, aurait dit Jacques Tardi, la bande dessinée devient enfin contemporaine de son époque.
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