Marc Sleen n'a jamais signé ses tableaux de son pseudonyme, puisqu'il se nomme en réalité Neels.
Neels, ce devait être son nom de peintre, d'artiste, lui qui avait « fait » une école d'art.
Puis la guerre est venue, et le tableau Bateau sur la Lisse, daté de 1942 (il a juste 20 ans), rappelle ce basculement du destin, sombre, mélancolique, prophétique.
Quelques jours après sa réalisation, il sera emprisonné...
La Libération viendra et un autre destin l'appellera.
Il deviendra le plus envié des auteurs flamands de bande dessinée.
Joseph Gillain, alias Jijé, aurait déclaré dans une interview « Lorsque je fais de la bande dessinée, je vole du temps à ma peinture » :
son oeuvre tient en 4 000 planches (!) et 450 oeuvres picturales.
Hubinon et Will appartiennent à une même génération, née dans les années 1920.
La peinture n'est pas leur destin mais un temps nécessaire à leur oeuvre de bande dessinée, qui fut parfois celle de la contingence.
|
Paul Cuvelier, de la même génération, sera le seul à franchir ce qui était encore une frontière entre bande dessinée et peinture, la case contre le châssis de la toile.
Et Hergé, l'aîné, né en 1907, le Maître... ?
On le sait grand amateur d'art, collectionneur, proche du groupe COBRA, plus tard ami d'Andy Warhol, qui fait son portrait.
Le voici, ici en ces murs, peintre discret, entre abstraction et citation.
Cette introduction, le premier mouvement polyphonique de cette exposition, nous enseigne que dès ses origines la bande dessinée dite moderne,
avec ses artistes plus que simples auteurs, n'a jamais imaginé la peinture comme une rivale mais bien comme une alliée objective à son imaginaire et à son destin.
|